Ce n'est pas dans les habitudes du wESh's Blog de faire dans la critique littéraire. MAIS, pour une fois que j'ai lu un livre avant qu'il se voit décerné un prix, pour une fois que j'ai lu un livre de Houellebecq, pour une fois que le prix Goncourt est décerné à un auteur né à la Réunion, pour une fois on peut bien faire une exception.
Il s'agit donc du dernier "roman" de Houellebecq, 'La carte et le territoire'.
L'auteur des Particules élémentaires nous propose là un ouvrage de 432 pages dont 422 sont consacrées au texte lui-même. 13.5 de large, 21.1 de haut, et 3 bon centimètres d’épaisseur. Sur la couverture cartonnée fine d’un blanc un peu cassé, 4 informations sont clairement affichées : En haut, réservant une bonne marge, le nom de l’auteur en lettres minuscules, capitales sagement en majuscules, est justifié à droite. La police utilisée est d’allure classique, s’approchant des polices «georgia» ou «romantic» de Windows. Une légère inclinaison italique et la couleur rouge sombre (129/20/17 en RVB) renforcent l’effet probablement recherché, que le nom de l’écrivain apparaisse nettement sans agresser. Juste en dessous, en caractères plus gros qui contraignent à utiliser deux lignes, le titre de l’ouvrage claque dans une couleur plus rouge (181/32/25 en RVB) et dans une police simple et efficace ressemblant à du «arial» : La carte et le territoire se place avec la même justification à droite que le nom de l’auteur.
En dessous, pareillement aligné sur la marge invisible droite de la couverture mais en beaucoup plus petit, l’indication roman ressemble à une timide affirmation : Sans majuscule, de même police et de même couleur que le nom de l’auteur avec cependant un espace inter-caractères au moins doublé. La discrétion et la simplicité souffrent pourtant d’un trait de soulignement d’un rouge plus franc (celui du titre). Il est évident que ce terme de «roman» ne fait pas partie du titre mais constitue une définition de l’ouvrage. La carte et le territoire serait donc un roman ; l’ensemble donne malgré tout l’impression que cette catégorisation pose problème ou qu’elle a été concédée par défaut, faute de mieux.
Tout en bas de la couverture, le nom de l’éditeur est sagement posé. « Flammarion » est indiqué dans une police de taille et de style intermédiaire entre celle du titre et celle de l’indication de roman, et de couleur tout à fait semblable aux lettres du nom de l’auteur.
Sur la quatrième de couverture, visible lorsque l’on retourne le livre – un geste souvent fait inconsciemment par le lecteur/acheteur en librairie- on retrouve dans les mêmes polices et couleurs, mais en plus petits, les noms de l’auteur et de l’ouvrage. La mention de l’éditeur est en tous points semblable à celle proposée sur la couverture. Exit l’inscription roman, mais l’information est redonnée en première et dernière phrase du résumé-teasing qui s’étale sur 5 paragraphes justifiés en colonne sur près des deux tiers droits de la largeur et au demeurant complètement nul.
A gauche de ce texte, sous le nom de l’auteur de La poursuite du bonheur, sa photo en noir et blanc : sur un fond contrasté, gris sombre à gauche et blanc à droite, la tête de l’auteur est étroitement cadrée fortement éclairée et donc contrastée à l’inverse du fond. L’expression de l’auteur des Particules élémentaires est peu avenante. En tout petits caractères, rangés verticalement le long d’un bord, on peut apprendre que cette photo fait partie de la collection de l’auteur (Portrait : coll. part. de l’auteur). Il est donc fort à parier que l’image donnée par cette photographie résulte d’un choix délibéré.
On trouve en outre sur ce quatrième de couverture, l’indication du prix France (22€, en réalité probablement le prix France Métropolitaine), le numéro ISBN et le code barre qui ne présentent aucun caractère singulier.
Les dos de couverture sont vierges ainsi que la première feuille de garde. Sur la troisième page, uniquement le titre du roman et on retrouve ensuite classiquement une page dédiée à la liste des ouvrages produits par l’auteur de Interventions et l’adresse de son site internet, www.michelhouellebecq.com. En face, le titre est une 3ème fois indiqué, ce coup-ci avec les noms de l’auteur et de l’éditeur, l’ensemble étant centré et utilisant la police de caractères qui sera utilisée pour tout le texte.
La dernière double page avant le début de La carte et le territoire portent discrètement à gauche la mention de copyright et le numéro ISBN et en exergue à doite une citation de Charles d’Orléans. Charles d'Orléans, né à Paris le 24 novembre 1394 et mort à Amboise le 5 janvier 1465, duc d'Orléans, est un prince français, connu surtout pour son œuvre poétique réalisée lors de sa longue captivité anglaise. Il est le fils de Louis Ier, duc d'Orléans, frère du roi de France Charles VI, et de Valentine Visconti fille du duc de Milan. En lutte contre les Bourguignons, il est fait prisonnier en 1415 à la bataille d'Azincourt. Reclus durant vingt-cinq ans en Angleterre, car il ne se trouve plus personne pour payer sa rançon, il a tout le loisir de se consacrer à la poésie. Finalement libéré, il épouse Marie de Clèves, fille du duc de Bourgogne, rapprochant ainsi les Armagnacs et les Bourguignons, et récupère en 1447 son comté d'Asti en Italie. Retiré dans son château de Blois, il s'entoure de poètes tels François Villon, instaurant des concours poétiques. Ses poèmes composés en captivité sont réunis en un volume sans cesse augmenté par la suite. Ils comprennent des ballades, des complaintes, des chansons et des rondeaux (' Le Rondeau du printemps') écrits en français, anglais et latin sur des thèmes comme la douleur de la captivité, le regret de la patrie (' La Complainte de France') et de l'être aimé, le passage du temps, la vieillesse et la mort... Dans le registre amoureux, Charles d'Orléans renouvelle la tradition courtoise médiévale. Empreinte de réalisme et de sincérité car nourrie de ses propres expériences douloureuses, sa poésie annonce celle de la Renaissance du point de vue de la forme.
Les 422 pages suivantes, numérotées dans l’ordre, présentent le texte joliment imprimé sur un maximum de 32 lignes et sagement justifié, réservant ainsi des marges de plus de 2 cm.
Après l’épilogue qui clôt le roman, une feuille vierge nous offre deux pages pour souffler.
Les remerciements sont placés après et sont dirigés vers des personnes ayant donné des précisions sur le monde de la police à l’auteur de La carte et le territoire. Ce dernier en profite pour signaler qu’il se documente assez peu, probablement par provocation.
En dernière page, on apprend que Meta-systems a été chargé de la mise en page. Fondée il y a une quinzaine d'années dans l'Oise, ce n'est qu'il y a un an et demi que Pixellance Meta-Systems est arrivée à Roubaix. Avec ce déménagement a coïncidé une inflexion dans son activité. Autrefois spécialisée dans la vente de systèmes de mise en page et le développement de certains outils informatiques dédiés à cette activité, la PME de trois salariés consacre désormais davantage de temps à la composition de livres. En clair, l'opération qui consiste, à partir d'un texte brut, à l'ordonnancer de la manière la plus harmonieuse (et selon les contraintes typographiques de chaque éditeur) pour que la lecture soit la plus facile, une fois au format du livre papier. Pour y parvenir, Pixellence Meta-Systems donne à « digérer » le texte à ses logiciels qui vont harmoniser le tout pour aboutir à un ouvrage définitif. Au bout du compte, du moment où ils sont bien paramétrés. les outils informatiques utilisés et développés par l'entreprise lui permettent de réaliser 80 % de la mise en page. Les 20 % restants, « c'est l'oeil et l'intelligence humaine », quand la relecture et la décision du typographe s'imposent. L'enjeu, « c'est de réduire les coûts et les temps de fabrication ».
Au centre de cette dernière page et en lettres capitales, la mention de l’imprimerie ajoute à la précision de l’ensemble et pousse l’exigence jusqu’à nous indiquer le type de rotative utilisée : Rotopage. Un des avantages des Rotopage est leur mise en route avec seulement 200 exemplaires. Le calage de la totalité d'un ouvrage est fait en une demi-heure. Tout y est produit en ligne avec quatre personnes : une bobine à l'entrée et les livres sortent brochés dos carré collé, mis en paquet sous film thermorétractable, dans tous les formats possibles, du poche au 21x29,7. On comprend dès lors pourquoi l’imprimerie Floch a fait cet investissement.
Joseph Floc’h, né le 1er octobre 1891 à Taulé dans le Finistère, est le fils de Jean-François Floc’h. Il prend la succession de l’imprimerie Charles Collin à Mayenne le 1er septembre 1921. En 1922, il s’associe avec son frère Jean Floc’h, et l’entreprise prend un nouveau départ. Il y avait à cette époque environ 150 ouvriers, en majorité des femmes : « il fallait une certaine dextérité pour manier les lettres en plomb, brocher, coudre les pages à la main ».
Vers 1925, l’imprimerie fait l’acquisition d’un matériel de composition plus performant : les monotypes qui permettaient de composer par lignes entières, grâce aux lettres mobiles.
Il monte en 1937 l’Imprimerie de la Manutention à Mayenne, et lance l’époque de l’offset (l’imprimerie fut la première avec l’imprimerie Oberthür de Rennes). L’endroit choisi correspondait à l’endroit où le 130è régiment d’infanterie, basé à Mayenne venait s’approvisionner.
En 2009, l’imprimerie Floch s'agrandit. Sur un terrain de cinq hectares, voisin de ses locaux, elle a bâti un bâtiment de 5000 m², destiné au stockage du papier vierge. Un besoin engendré notamment par la nouvelle rotative, capable de produire 7000 livres à l'heure.
L'imprimerie Floch (12,2 millions d'euros de chiffre d'affaires, 160 salariés) travaille jour et nuit pour imprimer le « Goncourt ».
Pour finir, en bas de la dernière page, numéro d’édition, numéro d’impression , date de dépôt légal et la mention « Imprimé en France » sont probablement importantes, sinon réglementaires, mais leur lecture est barbante. Contrairement au livre qui se lit avec beaucoup de plaisir intelligent et parfois même de délectation.
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